nous déconcerte souvent, et parfois — pourquoi ne pas l’avouer ? — nous rebute ; nous avons à faire un effort pour nous adapter à un état d’esprit et à un mode de raisonnement qui ne sont plus les nôtres. Dante n’ouvrait pas une voie nouvelle à la poésie italienne, l’histoire le montre avec assez d’évidence : son œuvre marque le terme d’une période dès lors achevée, que nous pouvons appeler le Moyen Age italien, à condition que cette expression, appliquée à ce pays, désigne simplement les origines tardives, hésitantes, d’une littérature qui se dégage difficilement de la tyrannie du latin ou de l’imitation française et provençale, et trouve enfin, tout à coup, l’interprète de génie capable de traduire les pensées et les passions d’un peuple conscient de sa grandeur, qui souffre de sa déchéance, et qui lutte pour reconquérir, avec la paix, sa place à la tête des nations.
L’Italie reprit en effet cette place tant convoitée, mais autrement que Dante ne l’avait prévu, non par une suprématie politique renouvelée de l’empire, mais par l’éclat de ses arts et de ses lettres ; et ce fut l’œuvre de la Renaissance.
La définition généralement admise du mot Renaissance
convient parfaitement aux caractères par lesquels
le phénomène se manifesta en France : un retour brusque
à l’antiquité, substituant aux traditions nationales de
notre Moyen Age l’imitation, parfois indiscrète, des
œuvres classiques. À cet égard, une véritable révolution
s’est accomplie de ce côté des Alpes dans l’art et le goût,
et nous pouvons en indiquer avec précision la date : les
velléités de Renaissance, timidement annoncées dès les
règnes de Charles V et de Charles VI, n’avaient pas
abouti, et ce furent les guerres d’Italie qui, à partir de