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à Turin. Maintes confusions risquent en outre de se glisser dans les esprits, à la faveur de certaines expressions d’un usage courant, telles que « Moyen Age », « Renaissance », « Romantisme » ; on ne songe plus même à les définir, tant elles semblent claires, et l’on ne prend pas garde que, appliquées à la civilisation italienne, elles ne signifient plus du tout ce que, en France, nous avons l’habitude de leur faire dire.

Il importe donc, dès ces premières pages, de prévenir toute équivoque, de dissiper toute confusion, pour introduire, s’il est possible, plus de clarté dans les idées ; il est nécessaire de jeter un coup d’œil d’ensemble sur les grandes périodes que nous devrons étudier une à une, d’en reconnaitre les limites et les caractères essentiels, c’est-à-dire de tracer le plan qui sera suivi dans cette histoire de la littérature italienne.

Le seul mot de « Moyen Age » évoque un certain nombre d’idées et de faits, de conditions sociales et intellectuelles nettement définies, surtout lorsque l’on a en vue la littérature française, la plus parfaite expression de ces siècles lointains : l’organisation féodale domine alors toute la vie politique ; la philosophie scolastique s’impose comme une discipline nécessaire au travail de la pensée ; enfin une puissante inspiration nationale anime la production poétique de la France : par sa langue, par ses héros, par son ardeur guerrière, aussi bien que par sa malice bourgeoise ou populaire, la littérature française, du xie au xve siècle, est l’image fidèle de la jeune nation née sur le sol gaulois de la civilisation latine et chrétienne, transformée, dans l’ordre social, par une aristocratie guerrière, d’origine germanique. Tout dans cette littérature reflète l’âme, la con-