Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

LR xv- srizcmz isi les biographies que rédigea dans sa vieillesse (entre 1493 et 1498) le libraire Vespasiano da Bisticci, dont la bou- tique avail: été, a Florence, le rendez—vous favori des esprits les plus cultivés. Le beau palais de Laurent, dans la << Via Larga », avec ses sculptures de Donatello et ses fresques de Benozzo Gozzoli, ofI`rait lui-méme un singu- lier mélange. Une religiosité superficielle n°en excluait pas l’admiration enthousiaste pour l`antiquité paienne : la poésie savante y était représentée par Ange Politien (1454-1494), et la parodie du style populaire, poussée jusqu’a la caricature, inspirait a Luigi Pulci (1432-1484) une curieuse épopée romanesque. Le poéme de Pulci, Morgante ’, est le produit caractéris— tique de toutes ces tendances contradictoires. Le poéte l’entreprit vers 1466, E1 la demande de Lucrezia Torna- buoni, la pieuse mére de Laurent, et le lut, dit-on, au fur et a mesure de sa composition pour l'amusement de ses amis; il s’est appliqué at y parodier la maniére des colporteurs populaires de récits chevaleresques, non sans accueillir les conseils de ces fins lettrés : Ange Politien lui—méme suggéra l’idée d’un important épisode. Le Morgante estdonc une oeuvre a peu pres inintelligible si on la détache du milieu tres spécial ou elle a été concue, et dont elle est la vivante image. Luigi Pulci et son frére Luca ont pu composer des poémes plus sérieux, la Giostra di Lorenzo, le Cirz)7b Calvaneo ou le Driadeo d`Amore —- la part des deux fréres dans ces oeuvres reste d’ailleurs incertaine —-; Luigi est par-dessus tout un caricaturiste. Dans sa Beca da Dicomano, il tourne in la charge le badinage aimable de Laurent dans 1. On Yappelle généralement Morgante Maggiore, peut-étre A cause do Ia longueur du texte définitif de 1483 (en 28 chants), par opposition svn len éditions antérieuren (en 23 chants).