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152 LITTIQRATURE rrnmiwiz de la perfection du modele. Un Florentin dont on ne con- nait que le prénom, Ser Giovanni, s’en inspira gauche- ment dans son Pecorone (vers 1378), sans verve ni coloris, sans ombre d'originalité. Un Lucquois dépourvu de toute culture, Giovanni Sercambi (1347-1424), composa 155 nouvellcs d’ou le sentiment de l’art est tout aussi absent; et s’il a plus de vivacité que Ser Giovanni, Ser- cambi est aussi beaucoup plus grossier. Le meilleur héritier de Boccace fut encore celuiqui songea le moins at l’imiter: Franco Sacchctli (1335-1400 environ), honnéte bourgeois ilorentin, ami d’une douce gaité, mais a qui la vie fut dure, écrivit vers l’extréme fin du siecle, et de sa vie, pour sa distraction personnelle et celle de ses amis, trois cents nouvelles, dont 223 nous sont parvcnues. L’autcur n`a pas clierché at resserrer tous ces contes par un lien qui eut donné quelque unité at son livre : ce sont des anecdotes, des historiettes de toute espece, tantot breves, tantot développées, qu’il rapporte sans prétention, et trop souvent sans choix, mais avec une bonne humeur charmante. Sacchetti n’ctait pas un lettré de profession : la nature avait plus fait pour luique l’étude. Cependant s’il ne connait pas les savants artifices de Boccace, il n’en faut pas conclure qu’il manque d`art. On peut regretter que la composition de ses nouvelles n’ait pas plus d’ampleur, et que ses personnages soient décrits un peu superficiellement, dans une seule attitude; mais il posséde at un haut degré le sens de la caricature et le don du mouvement, surtout dans la peinture des bous- culades populaires. C’est d’ailleurs un citoyen sincérement affligé de la décadence politique de sa patrie, et c’est en outre un chrétien convaincu, dont nous possédons certaines méditations pieuses, iutitulécs Sm-/noni evan~ gelici. Aussi moralise-t-il voloutiers, surje mode triste,