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reprend tout son avantage dans les parties lyriques, lorsqu’il décrit la beauté de Laure à son lit de mort :

Pallida no, ma più che neve bianca… (Tr. Mort, I, fin) ;

ou lorsqu’il raconte le long entretien dans lequel sa dame, qui lui apparait en songe, lui révèle tout son amour et lui explique les motifs des froideurs qui l’ont désespéré (Tr. Mort, II). Ces pages vraiment sublimes ne se rattachent au sujet des Triomphes que par un lien fragile ; elles sont le complément nécessaire des Rime. Pétrarque n’a rien écrit de plus parfaitement plastique, de plus suave et de plus ému.


III

Après Pétrarque, la personnalité la plus saillante du xiiie siècle est Boccace. Peut-être même le joyeux conteur, artiste moins consommé que le poète des Rime, accuse-t-il d’une façon plus franche, plus brutale si l’on veut, la nouvelle orientation des esprits. Si l’œuvre de Pétrarque était toute différente de celle de Dante, celle de Boccace, grand admirateur pourtant de la Divine Comédie, en est le contre-pied, et comme la négation. Telle est du moins l’impression qui se dégage des ouvrages en langue italienne qu’il composa jusqu’à l’âge de quarante ans environ ; dans la suite, la tournure de ses idées se modifia. Il importe donc de considérer d’abord, en elle-même et séparément, cette première période de sa vie et de son activité littéraire.

Giovanni Boccaccio est né, en 1313, à Paris, où son père, le marchand Boccaccio di Chellino, avait su gagner