Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée

prit de composer une série de << Capitoli 1> en tercets, destinés a former une trame plus serrée que les a Rime », et dans laquelle le symbolisme moral et chrétien, slunis- sant a la glorification de la femme aimée rappelle singuliérement, avec maints détails secondaircs, la conception mémc de la Divine Comédie. Cette oeuvre, in laquelle il travaillait encore quelques mois avant sa mort, porte le titre de Triomphes : voici d’abord l’Amour qui sub- jugue le monde, et traine derriere son char l’humanité enchainée; mais la vertu d’une femme, Laure, triomphe de l’Amour; il est vrai qu’elle ne tarde Pas a étre terrassée a son tour par la mort. La gloire donne aux hommes l’illusion qu’ils pourront vaincre méme la mort, simple illusion que le Temps dissipe en refoulant toutes choses dans lioubli et le néant, Dieu seul, immuable en son éternité, ne Peut décevoir ceux qui mettent leur confiance en lui.

Cette conception peu originale est présentée dans lc cadre d’une vision, ou tout n’est pas d’une netteté parfaite; les chants méme, au nombre de treize, ne s’enchainent pas avec rigueur; bien plus : quelques-uns rentrent avec peine dans le plan général, et contiennent de longs épisodes hors de proportion avec les énumérations rapides et monotones de personnages historiques ou légendaires, qui remplissent les chants voisins. Pétrarque, dans les Triomphes, a montré une aptitude médiocre a concevoir et a suivre un plan d’une certaine étendue; les parties épiques et philosophiques du poeme sont infi- niment au-dessous de la Divine Comédie *. Mais il

i. On peut comparer, par exemple, l'épisode de Sophonisbe (Tr. do l’Amour, ll : Stance gid di mirar...) avec celui de Francoise de Rimini (Enfer, V), que Pétrarque a essayé de refaire.