Page:Hauser - Les Balkaniques, 1913.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

fruit de leurs victoires passées. Et cependant l’oppresseur, dont la victoire remonte à des siècles lointains, peut se dire, lui aussi, qu’il défend une patrie, une gloire légitimes… Ainsi se disperse, en se multipliant, l’âme du poète. Chacun des peuples qu’il chante peut s’enthousiasmer, à sentir passer le vent de telle strophe aux ailes éployés ! Véritablement elles ont toutes un élan qui entraîne. Elles jettent des cris qui éveillent au cœur une vibration sympathique ; et quand le poète évoque enfin la légitimité de la révolte pour tous les peuples qu’une conquête brutale a courbés sous un joug étranger, - l’émotion française, celle même des plus humanitaires, lui répond et l’acclame sans réserve.

Par le succès qu’il ambitionne il est et sera récompensé d’avoir suivi le conseil du cher et grand Sully Prudhomme :

Viens, ne marche pas seul dans un jaloux sentier
Mais suis les grands chemins que l’humanité foule.
La patrie a jeté le plus fier dans son moule…
Laisse à travers ton luth souffler le vent des âmes
Et tes vers flotteront comme des oriflammes,
Et, comme des tambours, sonneront dans les cœurs.

Jean Aicard
La Garde (Var), 13 décembre 1912