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LA MARTINIQUE.

également bien au mulâtre, son rival d’hier, son allié aujourd’hui.

Issus du blanc et du noir, les mulâtres présentent à des degrés divers les qualités et les défauts des deux races, en accentuant, comme il arrive presque toujours, de préférence les mauvais côtés. Placés, à tous les points de vue, dans une position meilleure que celle des nègres, ils ont moins souffert que ces derniers, et pourtant ils ont gardé de l’ancien état de choses des souvenirs plus vivaces, une aversion plus profonde contre le blanc : aux jours de guerre civile, ce sont eux, toujours, qui ont montré le plus d’acharnement et de cruauté. Quelles sont les raisons de cette apparente anomalie ? Nous en voyons deux. La première, c’est que, plus rapproché du blanc, le mulâtre s’est jugé plutôt son égal et a entamé de très bonne heure une lutte où il était soutenu par l’envie et la jalousie. La seconde, c’est que le mulâtre, esprit plus délié que le descendant de l’Africain, était mieux capable de ressentir