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LA GUADELOUPE.

qu’on en était arrivé à se servir de son nom même comme de l’épithète la plus élogieuse qui se pût trouver. On disait, par exemple, un château de Lope, une pierrerie de Lope, pour désigner un palais splendide, ou un diamant de très grande valeur. Or les premiers navigateurs qui passèrent dans notre île firent aux eaux douces qu’on y trouvait une telle réputation, que les galions espagnols revenant des Antilles eurent l’ordre de s’y arrêter pour faire de l’eau, et que, suivant la mode de l’époque, on appela cette eau délicieuse Agua de Lope ; de là serait dérivée par corruption l’appellation de Guadeloupe.

La vérité est que les eaux de la Guadeloupe sont exquises pour la plupart, et qu’un cours d’eau y porte encore le nom de rivière des Galions. Malheureusement cette ingénieuse étymologie pèche par un point capital : Lope de Véga ne vint au monde qu’en 1562, et sa réputation ne s’établit qu’à la fin du seizième siècle, c’est-à-dire plus de cent ans après que la