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LES ANTILLES FRANÇAISES.

de vous asseoir dans les champs, vous oblige à tenir toujours le milieu de la route, vous empoisonne le plaisir si grand des bains de rivière, car il est bien avéré que le serpent se cache sous les pierres pour pêcher ; on hésite même, quand on a l’innocente fantaisie de cueillir une fleur ou un fruit, car le serpent aime à se cacher sur les arbres et les arbustes, depuis les jours primitifs du Paradis terrestre. Enfin l’on ne peut même pas goûter en paix les douceurs du sommeil, car la colonie abonde en récits, à faire dresser les cheveux sur la tête, sur le danger qu’ont couru des enfants dans leur lit, couchés sur des serpents qui les auraient mordus au moindre mouvement, si la tendresse maternelle n’avait trouvé le moyen, presque miraculeux, de les enlever sans toucher à l’horrible bête endormie. Est-ce vivre cela ?

Nos lecteurs se demanderont comment les habitants de la Martinique n’ont pas fait cesser immédiatement un état de choses aussi déplo-