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LA MARTINIQUE.

fraîche ou salée, ou quelque parente moins avouable encore. Combien y a-t-il d’habitants de Lyon, de Marseille, de Paris, qui repousseraient avec horreur tout projet d’union dans les conditions que nous venons de dire ! Personne plus que nous ne désire la fusion des races : elle est logique, indispensable, et elle se fera ; mais ceux qui la veulent immédiate, instantanée, sont des utopistes ou des ignorants. Il faut attendre qu’un demi-siècle, et plus, ait effacé dans nos colonies jusqu’aux derniers vestiges d’un esclavage et d’une dégradation qui étaient la honte de l’humanité.

À part ces rivalités, la vie est tout à fait paisible et douce à la Martinique. Les dames sortent peu, préférant rester à l’abri d’un soleil de feu dans les maisons rendues aussi fraîches que possible ; c’est avec peine qu’elles se décident à dépouiller le large peignoir créole, et à quitter la berceuse ou le hamac aux balancements qui endorment. Les hommes ne vont à leurs affaires, en général, que