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LES ANTILLES FRANÇAISES.

France, comme médecins, comme avocats, comme magistrats ; quelques-uns deviennent gouverneurs de l’île où leur grand-père a reçu le fouet. Honneur aux travailleurs courageux, dont le succès a récompensé les efforts !

Malheureusement il manque une chose essentielle pour que la population des colonies soit homogène, unie et parfaitement heureuse : c’est que les nouveaux venus soient vraiment acceptés par la société créole. On les estime à leur valeur, on les salue dans la rue, on les reçoit dans quelques maisons, mais seulement dans des maisons de fonctionnaires, et enfin — là est la grosse question, — il n’y a pas dix créoles qui consentiraient à donner leur fille en mariage à un nègre ou à un mulâtre. De leur côté, les jolies créoles éprouvent une horreur incroyable, qui semble instinctive, pour tout ce qui est de sang mêlé, même à un degré très faible. Or, s’unir à elles, est justement l’ambition éternelle des nègres et des mulâtres. Ils se présentent, mais ils sont écon-