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LES ANTILLES FRANÇAISES.

l’île, comme aussi les situations honorifiques, appartiendraient à ceux qui sauraient les conquérir et les garder.

Ils se sont abandonnés, comme par le passé, aux engourdissements d’une vie paresseuse et facile, dissipant avec insouciance les restes de leurs fortunes à peu près détruites, et un beau jour ils se sont réveillés plus faibles que les déshérités de la veille. Voici donc une première cause de discorde : chez les uns, orgueil immodéré, inspiré par les positions conquises ; chez les autres, colère et désespoir de les avoir laissé conquérir.

L’exercice des droits politiques est venu compliquer la situation. Les gens de couleur, nègres et mulâtres, sont naturellement très attachés au régime qui leur a rendu leur dignité d’homme ; les créoles, au contraire, par essence et par tradition, sont conservateurs ; or, comme les premiers sont dix fois, vingt fois plus nombreux que les seconds, la victoire leur est toujours restée sur le champ de