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francisés, mots de dialectes ou de patois, noms propres ou mots techniques, mots forgés, argot, simples lettres de l’alphabet, concourent à des rapprochements singulièrement inattendus qui divertissent ou grimacent. Rostand, nullement timoré dans la facture de son vers, ne fait point rimer cependant un singulier avec un pluriel.

Devant une telle « patte », des épithètes nous tombent des lèvres : inouï ! prestigieux !! mirobolant !!!

En vérité, la forme poétique de M. Rostand ne sort pas du laminoir, elle est à arêtes et à reliefs, comme il convient au théâtre où tout doit être en saillie. Figurons-nous du Lamartine à la scène. Que l’on crierait à la mollesse, au flasque, à l’amorphe ! Les vers de M. Rostand, c’est la réalisation du rêve de M. Bergerat, qui voulait que le « vers comique moderne » fût un vers « coloré pittoresque, vivant de sa propre gaîté gasconne, presque indépendant de la pensée qu’il contient… »


Rostand se rattache directement, par l’entremise de Banville, à V. Hugo, au Hugo comique, au Hugo du Théâtre en liberté, de quelques fragments de Toute la lyre et de la Dernière Gerbe.

N’a-t-on pas cité, à propos de Chantecler, la Forêt mouillée ? L’art de Rostand n’est, en bien des cas, que cette note de Hugo, exaspérée, avec, de temps en temps, une allure shakespearienne. L’influence, ou la domination plutôt, de l’auteur de Ruy Blas, est trop certaine. Comme lui, Rostand,