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peu fou, une faconde qui a quelque chose de capricant et qui ne recule point devant les amusettes, les concettis, le gongorisme.

Versificateur qui se complaît aux difficultés, aux « tours de force », et qui souvent empiète sur le poète, M. Rostand ne proscrit point l’hiatus ni l’allitération. Son vers a les coupes les plus variées, jusqu’à être arythmique, jusqu’à être prose ; il a des cambrures, maintes fois excessives, mais c’est un vers de théâtre et qui, par suite, a droit à de grands privilèges. Chantecler exigerait, au point de vue de la versification, toute une étude, pour les libertés très larges, rythmiques ou prosodiques, que s’y accorde le poète, et pour l’abondance des onomatopées et des syllabes interjectives. Dans Chantecler, l’art est aristophanesque. Je note ce vers formé de deux mots :

      Kaléidoscopiquement cosmopolite.

Rostand, imaginatif, n’est pas seulement un « visuel ». Captif des sonorités, des consonances et des assonances, il l’est particulièrement à la rime, et ce n’est point elle qui est l’esclave. Cette rime, elle est un motif de trouvailles, elle déclenche l’image ou l’idée rares, la drôlerie, la bouffonnerie. On dirait qu’elle détermine, ici ou là, l’allongement du texte ; ses rencontres non seulement sont peu prévues, mais elles sont, quand il le faut et quand il le faut moins, hardies, ébouriffantes, cocasses. Technique toute banvillesque. Mots rares ou archaïques, mots de langues étrangères ou