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« scie ». Des idées scéniques ne sont, parfois, que des gentillesses gamines. M. Rostand qui s’en prend à l’esprit « boulevardier » s’y montre lui-même fort expert et, en vérité, s’y complaît. Quel entassement de tous les spécimens d’ingéniosité, quel dévergondage d’esprit fantaisiste, de l’à-peu-près au calembour ou au coq-à-l’âne ! Nous sommes noyés sous les jeux des mots — souvent obscurs pour l’illettré — et, pour le vocabulaire, il faudrait connaître tous les jargons.

Ces animaux parlent trop comme de subtils gens de lettres ou comme des journalistes un peu fumistes. Ils ont peu de naturel, et l’illusion en souffrirait, si nous ne savions à quelle espèce d’êtres nous avons affaire. D’autant que les caractères qui leur sont prêtés sont, pour quelques-uns, très arbitraires, étant conçus par des analogies, par les réactions sensibles et superficielles que leur apparence produit sur l’homme. Leur costume, leurs dimensions les font un tantinet carnavalesques, leur allure leur donnerait l’air loustic des animaux de Benjamin Rabier, mais on sait qu’ils ont figure humaine et on s’aperçoit qu’ils sont, fréquemment, très Parisiens.

Il reste que Chantecler est essentiellement une œuvre de poète, puisque l’auteur ne sort pas de lui-même et se « met » dans son œuvre, et aussi un poème à l’usage des mandarins de lettres. Tous les poètes qui ne sont pas seulement des élégiaques et qui chérissent le verbe pour lui-même, devraient goûter Chantecler. Jamais, en