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écoutons encore M. Edmond Rostand : « Chantecler est un poème symbolique où je me suis servi de bêtes pour évoquer, pour raconter des sentiments, des passions, des rêves d’hommes. Mon coq n’est pas, à proprement parler, un héros de comédie. C’est le personnage dont je me suis servi pour exprimer mes propres rêves et faire vivre devant mes yeux un peu de moi-même… Chantecler, c’est, mon Dieu ! quelque chose comme un récit de l’effort humain, de l’effort créateur aux prises avec le mal de créer et tout ce que ce mal enferme de déceptions, d’espérances, de douleurs, de voluptés, petites ou grandes… » Chantecler, c’est donc le triomphe de l’allégorie ou du symbole. Tout y est humanité, au sens social du mot. C’est une pièce autobiographique et satirique, avec des éléments d’histoire naturelle, et une extrême modernité de ton. On sait son point de départ, le coin de ferme de Miremont, entrevu à une de ces minutes où l’esprit regarde et conçoit. Aussi l’œuvre sera-t-elle, de plus, une évocation idéale de réalités rustiques. Le lien dramatique, affaibli déjà dans l’Aiglon, sera plus mince encore dans Chantecler, et, si l’exposition est adroite, ainsi que la présentation des personnages et l’établissement de leurs caractères, l’action sera un peu lente et vide. Il y avait équilibre parfait dans Cyrano ; dans Chantecler, quoiqu’il y ait moins de tirades et de moins longues que dans les deux œuvres précédentes, le poète lyrique l’emporte. Est-il possible de s’en plaindre, au nom de