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Il y avait eu la légende de l’Aigle, M. Rostand créera la légende de l’Aiglon, et cela non point par fanatisme politique, mais en artiste. Car c’est à l’épopée que tend maintenant le poète de Cyrano. Les titres même des actes ne sont qu’une seule image épique, modifiée, concernant l’oiseau symbolique. La tendance au long récit s’accentue, aux scènes grandioses et comme ayant leur fin en soi, telles, celle du chapeau, celle du miroir, et surtout l’évocation du 4e acte, où Rostand fait parler la terre, la plaine, les broussailles, l’ombre et le vent. Le fil dramatique a de l’inconsistance, le sens du réel, du vraisemblable s’amoindrit, mais le rôle du poète est prépondérant et il semble que l’émotion soit plus large, vraiment, et plus humaine que dans Cyrano, bien que l’histoire y soit souvent un peu trop bibelotière. Certes, les adresses scéniques et la variété dans les tableaux ne sont point négligées, et, à l’animation un peu confuse du très grand nombre des personnages, au papillotement des conversations mondaines, à l’apparat de Schœnbrünn, s’oppose, bien en relief, la figure de Flambeau, personnage nécessaire pour détendre, pour amuser la foule, personnage peuple parmi la cohue des gens de cour. Si la pièce est longuette, l’intrigue mélodramatique et les tirades passablement excessives, révocation du champ de bataille est susceptible de faire frissonner le spectateur le plus apathique.

C’était la première fois qu’un poète romantique fût si expert dramaturge. Et son romantisme