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ou celle de Perdican ; examinez le vécu qu’elles enferment, suivez la logique intérieure qui joue dans le drame, spontanée et nécessaire ; et regardez ensuite Percinet et Sylvette. Cette pensionnaire et son petit fiancé ce sont des marionnettes bien gentilles.

M. Rostand n’est pas dans la lignée de Musset : il est dans celle de Scarron, de Regnard, de Hugo (le comique), et son père est Banville. C’est un précieux, et c’est un burlesque, successivement ou simultanément.


Les délicats et les songeurs ont adopté la Princesse lointaine, contents d’opposer leur choix à ceux, plus bruyants et vulgaires, de la foule. C’est, en effet, une princesse de rêve, éprise du sentiment et de la rêverie pour eux-mêmes, et qui exalte le bienfait de la poésie ; elle est femme, mais elle est aussi un être irréel ; c’est une Circé étrange, pure et quelque peu perverse. Cette Mélissinde, aux cheveux, aux lèvres et au nom de miel, a un « amant incorporel » ; elle habite un palais pour esthètes, se meut sous une lumière de vitrail, parmi les lys ou les roses rouges, dans la joaillerie et les parfums. Nous sommes dans la poésie de légende, pénétrée d’âme. Le navire, la voile blanche ou noire nous reportent à Tristan, et Mélissinde défaisant ses cheveux sur Joffroy mourant nous ramène à l’adorable Mélisande. Les symbolistes pouvaient se réjouir, car tout, dans cette œuvre, est symbole. L’union ou l’opposition