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Livre de l’Aimée, mémorial de longues fiançailles, une tendresse sans mièvrerie ni langueur, et une confiance dans la vie qui touche. Oui, l’artiste devrait se marier ainsi, très jeune, à la condition de rencontrer celle qui sera l’associée et l’amie, et un peu la mère. Mme Rostand ne sait-elle pas tous les vers de son poète ? N’a-t-elle pas su jouer Roxane, à l’avant-dernière répétition de Cyrano ?

« Il n’est rien que de bien s’aimer ».

L’originalité du poète des Musardises, c’est de ne faire partie d’aucune coterie, d’aucun cénacle, c’est de n’être point, comme tant d’autres, un élégiaque (il se compare à un tambourineur, « jouant du triste et du gai tout ensemble »), c’est de tendre, de toute sa nature, au théâtre. Edmond Rostand était né pour le théâtre : il y faut du « dégagé » et des émotions « en dehors », maîtrisées et utilisées par l’imagination qui construit et s’amuse.


Dans ses autres poèmes, l’habileté de l’ouvrier ne fera que s’accroître, et la fantaisie de l’inspiration, de l’ode Pour la Grèce au Bois sacré. Telle pièce, l’Heure charmante, sorte de Fête Chez Thérèse refaite, est délicieuse par son évocation de tous les raffinements et de tous les affinements civilisés : on pense à une fête de La Touche. La description, ici, fait corps avec la scène ; il y a unisson de l’art et du « sujet ». C’est du meilleur Rostand. Au contraire, elle est par trop luxuriante et débordante dans le poème à l’Impératrice