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vice à l’œuvre et à l’auteur. On ne dira jamais trop les méfaits de la publicité. La première de Chantecler fut une soirée de splendeur et de faste mémorables, mais y retrouvait-on l’enthousiasme franc et ingénu de Cyrano ? Quelque déception se remarqua ensuite chez le public ordinaire, qui semblait plus curieux qu’ému et bouleversé d’admiration.

Et maintenant, que nous donnera le poète ? On avait parlé naguère d’un Polichinelle, d’un Don Quichotte ; il a deux comédies « en préparation », des projets… Et l’on annonce un Faust. Il travaillera, sans se soucier de nos chicanes ou de nos malveillances, près de sa femme, poétesse, avec son fils, poète — c’est le trust de la poésie —, dans le décor enchanteur de sa villa, luxueuse et familière, parmi des toiles évocatrices de songe, des livres et des fleurs. Et quand il flâne dans son jardin français, au long du miroir d’eau où « musent » les cygnes, près des roseraies ou des parterres de lys, dans le parfum des lauriers-roses ou des orangers, ou qu’il laisse son regard vagabonder sur la vallée de la Nive, sur la campagne douce, les maisons blanches des villages et sur les montagnes bleuies qui ferment l’horizon, n’a-t-il point raison de haïr le vain tapage de Paris et — quoi que disent les reporters imaginatifs — de cacher ses heures heureuses ? Ne vit-il pas en poète, entouré de tendresse et de beauté, lui qui chaque jour s’enivre intensément des délices de couleur et de charme que met dans le ciel le crépuscule du soir ? Vigne-vierge et cy-