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« Voilà des reprises magnifiques jusqu’en 1930 et au-delà, si nos fils ne sont pas de petits gâteux. Voilà des dissertations pour les écoliers, soit qu’on leur fasse étudier le théâtre du dix-neuvième siècle, ou qu’on les prie de se donner l’intelligence du siècle de Louis XIII. Voilà un grand espoir de hautes, brillantes et touchantes productions dramatiques. Que M. Rostand use, sans se hâter, de ses dons merveilleux. Qu’il se garde de « une pièce par an », ce qui est désastreux. Qu’il nous donne, avec un peu plus de rigueur de goût, les choses fortes et exquises qu’une pareille œuvre promet. Qu’il soit décoré demain (c’est fait). Qu’il entre à trente-cinq ans, au plus tard, à l’Académie, comme c’est le vieil usage des grands poètes de France et comme c’est leur droit. Surtout qu’il nous donne une de ces gloires dramatiques pures et hautes qui affirment périodiquement, depuis trois siècles, la supériorité littéraire de la France. Il est hors de doute qu’ores et déjà tout cela dépend de lui. Mon Dieu ! Monsieur Rostand, que je vous suis reconnaissant de ce que vous existez ». En effet, le poète avait été décoré, le soir même de Cyrano ; deux ans et demi plus tard, le 14 juillet 1900, il était officier de la Légion d’Honneur.

Tout en se gardant de « une pièce par an », il travailla. Le 15 mars 1900, Sarah Bernhardt joue l’Aiglon. Ce fut un nouveau grand succès, moins éclatant, moins jeune peut-être que le précédent. L’œuvre témoignait d’un effort vers plus