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INTRODUCTION

TRAITÉ

DE LA

FORMATION DE LA LANGUE FRANÇAISE’

INTRODUCTION

Nous nous proposons d’étudier ici l’histoire des mots qui forment le lexique de la langue française moderne, c’est-à-dire leurs diverses origines, les modifications qu’ils ont subies dans leur prononciation, et les formes grammaticales auxquelles ils se soumettent dans la phrase.

De là trois grandes parties, qui comportent de nombreuses subdivisions. I. Le matériel des mots, autrement dit le lexique. —

Le lexique est constitué d’abord par

les mots du latin populaire, transmis de siècle en siècle dans la tradition orale et vivante de la langue, et modifiés plus ou moins profondément dans leurs sons par les accidents de la prononciation. Cela nous donne une première étude : le lexique du latin populaire, §§ 1 et 2. Cet ensemble de mots forme le fonds primitif de la langue. De ce fonds, la langue, usant des ressources mêmes qu’il lui offre, tire toute une série de mots nouveaux, par voie de dérivation et de composition. Autour de la plupart des termes primitifs s’élève une famille de dérivés, dus à l’action féconde des préfixes et des suffixes, ou aux habitudes de composition que présente déjà le latin populaire. De là deux nouveaux chapitres : la dérivation populaire, §§ 33-170, et la composition populaire, §§ 171-213. Ce développement représente le mouvement naturel de la langue parlée, vivant sur son propre sol. Mais cette langue subit de la part des langues voisines diverses actions, qui ont pour effet d’y déposer des mots d’origine étrangère. Une étude particulière doit être réservée à ces multiples emprunts, §§ 3-31.

Notre langue n’est pas seulement une langue parlée. Elle a une littérature très riche, qui, en bonne partie, est l’œuvre de clercs, de savants. Ceux-ci écrivent aussi bien le bas latin que le français et introduisent ou laissent pénétrer, quand ils composent, dans la langue maternelle des expressions du bas latin, dont ils se contentent d’habiller à la française la terminaison. Ils lisent aussi les auteurs de l’ancienne Rome, Cicéron, Tite-Live, Virgile, Horace, Ovide, Stace, etc. ; ils les imitent, ou même les traduisent quelquefois. Les écrivains modernes continuent cette tradition. De là de nouveaux emprunts faits directement au latin classique. Cette nouvelle formation a reçu le nom de formation savante latine. Elle offre à l’étude les emprunts directs des mots, et les procédés de composition et de dérivation que les néologues du moyen âge et des temps modernes appliquent aux mots latins. La formation savante s’opère également, mais un peu plus tard, sur le grec. 1. Ce traité, resté inachevé par la mort d’Arsène Darmesteter, a été terminé par M. Léopold Sudre, qui a dû composer les §§ 359-526, 608-649, et s’inspirer, pour les §§ 214-284, des deux livres bien connus du regretté maître : Traité de la formation des mots composés, et De la création actuelle des mots nouveaux. Les §§ 33-213 et 650-727 reposent sur des notes de cours ; les §§ 285-358 et 527-608, sur une rédaction fragmentaire qu’il a fallu remanier - €t compléter. Les §§ 3-32, 360-361 et 496-499 sont dus à M. Antoine Thomas. DICT. FRANC.