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INTRODUCTION

INTRODUCTION

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Nous n’avons pas cru devoir faire une division séparée pour l’emploi pronominal des verbes, lorsque cet emploi ne présentait qu’un cas particulier de la forme transitive. En effet, il n’y a pas de différence pour le sens entre Pierre frappe Paul, Pierre se frappe, Pierre et Paul se frappent ; entre Pierre donne un coup à Paul, Pierre se donne un coup, Pierre et Paul se donnent des coups. Nous indiquons d’ailleurs, dans le Traité de la formation de la langue, toutes les formes de déclinaison ou de conjugaison qui présentent quelque irrégularité. IL — ÉTYMOLOGIE

La science étymologique a fait un immense progrès dans ces dernières années ; elle a été, tant en France qu’à l’étranger, pour les langues romanes, et pour le français en particulier, l’objet de travaux considérables qui l’ont en quelque sorte renouvelée. Nous n’avons rien épargné pour que cette partie de notre travail résumât d’une manière à peu prés complète les résultats acquis jusqu’à ce jour. Donner l’étymologie d’un mot de notre langue, c’est d’abord indiquer le mot latin, grec, étranger, français même, qui lui a donné naissance ; puis faire connaître toutes les formes par. lesquelles ce mot a passé pour arriver à sa forme actuelle ; enfin montrer comment de la signification étymologique sort la signification moderne. Autrement dit, c’est faire l’histoire du mot dans sa forme et dans sa signification, depuis son origine jusqu’aux premiers emplois qu’on en rencontre dans notre langue.

Nous plaçons l’étymologie en tête de chaque article, parce que c’est elle qui doit rendre compte de la signification première et qui conduit à la définition comme au classement des sens.

Mais ce n’est pas assez d’indiquer cette forme primitive et celles qui en dérivent, il faut expliquer en vertu de quelles règles la forme étymologique a subi telle ou telle métamorphose. Chacune des formes indiquées dans le Dictionnaire, à l’étymologie du mot, est accompagnée d’un renvoi au paragraphe du Traité de la. formation de la langue qui en explique la raison d’être.

Toutes les formes que le mot a revêtues par des changements successifs de la prononciation depuis l’époque primitive, les procédés de dérivation, de composition populaire ou savante auxquels il doit naissance ; s’il est d’origine étrangère, les circonstances historiques qui ont amené son importation : en un mot, tous les faits qui constituent les divers moments de son existence sont donnés en détail à chaque article du Dictionnaire, pour être repris et étudiés d’une manière générale dans la partie du Traité qui s’y rapporte.

Toutes les fois que le mot moderne conserve la signification unique ou les significations diverses du mot étymologique, nous l’indiquons par la formule : « même signification ». Quand le sens étymologique s’est transformé aux diverses époques de la langue, la même formule s’applique au premier sens, qui représente seul la signification originaire, et nous indiquons qu’il y a eu extension pour le sens ou les sens suivants. Parfois le premier sens du français moderne n’offre qu’un rapport éloigné avec le sens étymologique. Dans ce cas, le plus ordinairement, une forme du vieux français vient combler la lacune, et c’est par elle que commence l’article. A défaut du vieux français, le bas latin, les dialectes de la langue d’oïl ou de la langue d’oc et les autres langues romanes sont appelés en témoignage. Nous nous efforçons ainsi d’éclairer l’étymologie par la filiation des sens, aussi bien que par la filiation des formes.