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INTRODUCTION

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INTRODUCTION

bine, pour canepin, épiderme de peau d’agneau ; bassage (g-onflement du cuir), pris, selon toute apparence, t^out passage, comme semble l’indiquer emot passe meiit, cuve dans laquelle le tanneur passe les peaux pour les faire gonfler. Ailleurs, des termes dénatures par une prononciation non autorisée : marteau d’assiette, marteau formant hache d’un côté, pour marteau d’aissette (du latin ascia, hache) ; échanger (le linge) pour essanger. Un de nos plus célèbres architectes, dans un livre sur le monument qu’il avait construit, donnait à certains ornements striés le nom de berclés : nous sommes arrivés à reconnaître qu’une prononciation vicieuse avait substitué berclé à bertelé, et bertelé à brételé, qui est le terme exact. En ce qui concerne les termes scientifiques créés par les savants pour désigner les faits et les inventions dont le répertoire va s’augmentant chaque jour, ou les usages et les institutions des âges antérieurs, nous avons écarté, comme des créations stériles, ceux qui ne sont pour ainsi dire pas sortis des livres de leurs auteurs ; nous avons admis ceux qui, répondant à un besoin ancien ou nouveau de la pensée, sont entrés ou tendent à entrer dans l’usage général. Au reste, parmi ceux que nous avons dû rejeter, la plupart sont formés de termes grecs ou latins qui les rendent facilement intelligibles aux lettrés et aux érudits. Malgré ces restrictions, le lexique de notre Dictionnaire est d’une grande étendue ; s’il supprime un certain nombre de mots inutiles ou d’un usage trop spécial, il ajoute à la nomenclature un nombre considérable de mots de la langue populaire, de la langue technique et de la langue scientifique dont nous ne croyons pas que l’importance soit méconnue. Nous marquons d’un signe particulier les mots qui ne se trouvent pas dans la dernière édition du Dictioiinaire de l’Académie (édition de 1878). Nous indiquons à la suite de chaque mot, et avant l’étymologie, la catégorie grammaticale à laquelle le mot appartient. C’est une chose simple lorsqu’il s’agit des substantifs, des adjectifs, des pronoms, des mots invariables ; il n’en est pas de même pour certains emplois des participes et des verbes. Le participe présent et le participe passé peuvent être de simples modes du verbe, comme dans ce vers de Corneille :

Tous trois étant blessés ^...

Alors ils ont leur place marquée à l’article consacré au verbe , et ne doivent pas plus en être séparés que les autres modes : indicatif, subjonctif ou infinitif. S’ils ont pris une valeur adjective ou substantive nettement caractérisée, ils doivent être l’objet d’un article à part, comme les autres adjectifs ou substantifs. Telle est la règle que nous avons suivie, excepté pour certaines locutions d’un emploi spécial, que nous réunissons au verbe, en indiquant leur valeur grammaticale. Cette précaution est nécessaire, non seulement pour constater l’usage, mais pour le justifier. Si l’on détache le participe accoutumé du verbe accoutumer, il devient impossible d’expliquer d’une manière satisfaisante les expressions suivantes : à l’heure accoutumée, sa place accoutumée, derniers vestiges d’une construction abandonnée de nos jours. En effet, l’on disait autrefois accoutumer quelque chose, comme dans cette phrase de Montaigne : « Pratiquons -le, accoutumons - le ^ (le penser de la mort) ; » et c’est cet emploi disparu qui s’est conservé dans les locutions signalées plus haut : l’heure, la place accoutumée, et dans l’expression avoir accoutumé de faire quelque chose.

Mais ce cerf n’avait pas accoutumé de lire 3.

1. CoRNi :iixE, Horace, iv, 2.

2. MONTAIGNK, I, 19.

3. La Fontaine, Fables, viii, 14.