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LA PRESSE
PENDANT LA RÉVOLUTION




I

PRÉLIMINAIRES




État des lettres aux approches de la Révolution. — Le pamphlet tend de plus en plus à se faire journal. — Encore quelques journaux clandestins.


Si l’écrivaillerie, comme l’a dit Montaigne, est le symptôme d’un siècle débordé, jamais époque ne fut plus débordée que celle où nous sommes arrivés. Il y eut, dans les dix ou quinze années qui précédèrent immédiatement la Révolution, une sorte d’éruption littéraire, si l’on pouvait ainsi parler ; un flot de lettrés, comme une lave brûlante, avait envahi la capitale, et l’avait remplie de trouble et d’agitation. Les gens de lettres, lit-on dans les Mémoires de Mallet du Pan, n’étaient plus une classe ; c’était une multitude désordonnée et affamée, dont