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par leur critique sévère et maligne, n’a pu se soutenir, malgré tous les efforts que ces aristarques ont faits pour être méchants : il n’a plus que 200 souscripteurs, de 900 qu’il avait l’année dernière. Le public est malin, il aime les méchancetés ; mais il veut qu’on l’instruise, et le Journal français n’était rien moins qu’instructif. » Cet échec avait décidé l’éditeur, Moutard, à retirer la rédaction à Palissot et à Clément, et à la donner à l’abbé Grosier ; mais celui-ci n’avait pu réussir à rendre la vie à une feuille tombée dans le discrédit.


Palissot avait débuté dans la carrière du journalisme par la publication d’une feuille plus politique que littéraire, qui n’avait pas une grande valeur, si l’on peut s’en rapporter au témoignage des Mémoires secrets.

« Le sieur Palissot, y lit-on à la date de mai 1762, donnait depuis quelques années au public une gazette sous le titre de Papiers anglais. C’était un barbouillage extrait des différents pamphlets qui courent à Londres sur les matières politiques. Rien de plus bavard, de plus ennuyeux et de plus mal choisi que cette collection, d’ailleurs pleine de contresens, le directeur n’entendant point la langue anglaise, et se confiant à de mauvais traducteurs pour épargner l’argent. Elle était fort chère et coûtait plus de 14 sous la feuille. Le public s’est lassé