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ils végètent paisiblement dans leurs nouvelles maisons jusqu’à ce que des raisons de nécessité ou d’aisance les forcent d’en changer. »

Rien n’est plus ingénieux, ajoute la Renommée littéraire, que cette comparaison : ne semble-t-il pas voir F… (Fréron) trouver les ouvrages de Montesquieu et de Voltaire des coquilles trop grandes et trop brillantes, et s’accommoder bien mieux des coquilles sombres et étroites des C…, des S… ?

Il y a plusieurs autres endroits que l’on pourrait citer avec éloge, et quelques-uns aussi que l’on pourrait réfuter ; mais nous n’avons voulu par cet extrait qu’inspirer au lecteur la curiosité de lire un livre qui nous a paru un des plus sainement pensés sur la littérature, entre les livres nouveaux qu’on a donnés sur le même sujet. Son but principal est de rompre toutes les entraves qu’on impose au génie, d’abolir les décrets littéraires par qui de petits triumvirs proscrivent les meilleures ouvrages, quand les auteurs ne sont pas de leur parti. Il veut rendre au public un droit qui lui appartient, et que ces messieurs lui ont enlevé, le droit de juger des auteurs qui n’écrivent que pour lui, et qui, par le moyen de ces juges subalternes, se trouvent souvent condamnés ou absous avant d’être introduits au tribunal.


Tout l’esprit de la Renommée littéraire est dans ce premier article, « qui peut servir d’introduction à l’ouvrage. » C’est l’exaltation des amis, et l’éreintement des profanes, et tout particulièrement de Fréron, dont le nom revient à chaque ligne ; c’est, en un mot, comme l’avouent ingénuement les auteurs, un journal fait en haine du journalisme.

Ils avaient, par surcroît, donné à leur feuille des armes parlantes, qui en exprimaient éloquemment le but. On voit sur le titre, comme il est dit dans la préface, une Renommée avec deux trompettes. Elle embouche l’une, et il en sort des légendes conte-