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quelques biographes ont attribué exclusivement à ce dernier la paternité de ces libelles. Dans l’Âne littéraire, c’est un tiers qui est censé parler :


C’est ici (dans le docte et impartial jugement de M. Fréron sur l’ode de M. Le Brun en faveur de la famille du grand Corneille), c’est ici que mon pauvre âne achève de perdre la tramontane. Ah ! M. Mor… aura-t-il assez d’hellébore pour lui purger le cerveau ? faudra-t-il qu’il fasse un voyage à Anticyre, naviget Anticyrum ?

Qu’a-t-il donc ? me direz-vous ; que lui est-il arrivé ? Ah !… un malheur énorme, un tour affreux. M. de Voltaire, ce M. de Voltaire qui a fait jouer dernièrement Wasp sur le théâtre, vient d’être touché d’une belle ode, d’une belle ode que M. Fréron n’a pas faite, d’une belle ode que M. Fréron n’aurait pas voulu faire, et cette ode est de M. Le Brun, de M. Le Brun qui l’a, dit-on, berné, de M. Le Brun qui l’a appelé avorton littéraire, de M. Le Brun qui l’a appelé chenille, de M. Le Brun qui l’a appelé buse. Que vous dirai-je de plus ? Elle a excité M. de Voltaire à faire une bonne action. Une bonne action aux yeux de M. Fréron ! Et ce serait impunément ! Ah ! cela crie vengeance !


Dans la Wasprie, quoiqu’il ne l’ait pas signée non plus, Le Brun parle directement :


Qu’ai-je donc fait pour désoler ce pauvre Wasp ? Je suis cause d’une bonne action ; j’ai fait un ouvrage meilleur que les siens ; cet ouvrage parle bien de M. de Voltaire. Voilà qui est affreux ! cela ne se peut pardonner, c’est un crime de lèse-Wasp.


Dans les deux pamphlets ce sont les mêmes termes, c’est le même but : venger la fameuse ode, et éreinter, comme on dirait aujourd’hui, son détracteur. « On y célèbre comme on le doit et l’ami