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avoué auteur du bulletin dont le gazetier a tiré les deux articles qui forment le corps du délit. Une pareille indiscrétion mériterait un châtiment exemplaire ; mais son aveu, d’un côté, et la présomption qu’il y a eu plus d’imprudence que de mauvaise intention dans sa conduite, nous ont déterminés à user d’indulgence envers lui. Vous voudrez bien cependant le mander par devant vous, lui faire une sévère réprimande, et lui défendre d’avoir désormais aucune correspondance avec Desessarts, sous peine de désobéissance et de punition. Je vous serai obligé de m’informer de tout ce que vous aurez fait à ce sujet.

De Vergennes.


Pour cette fois la police se contenta de marquer le nom de M. Fouilhoux et de donner son signalement aux observateurs : « Cinq pieds quatre pouces, larges épaules, long visage, plein et rond, haut en couleur, cheveux châtain-clair, yeux hagards et inquiets, habit de camelot gris de lin très-clair, veste et culotte de nankin, catogan. Il est souvent au Caveau ; sa place ordinaire est du côté de Philidor. »

Avec ces notes rouges, il était difficile d’échapper longtemps à une troupe de mouchards qui, ayant autant de mains que d’yeux, vivaient de délations et de vols. Comme des chiens, ils n’attendaient que le mot pille, d’un exempt. Quidor le prononça le 14 janvier 1786. L’expédition de sa meute fut des plus heureuses ; c’est à lui à en faire le noble récit. La nuit, le magistrat avait reçu un coureur à pattes qui lui annonçait la première action :


Je n’ai point négligé de placer mes hommes au café du Caveau, et je me suis servi, pour cela, de ceux que j’avais employés lors