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force à répondre à ces dogmes de l’inquisition, lui qui ne conçoit pas encore que la pensée est libre comme le culte, et que tout citoyen a le droit d’avoir chez lui un autel et une presse.

Le ministre à la turque trouva bientôt l’occasion d’appliquer ces principes contre un de ces flibustiers de la littérature.


Versailles, 7 septembre 1782.

Le sieur Desessarts, auteur de la Gazette française d’Utrecht, a donné lieu, Monsieur, à plusieurs plaintes sur la licence de cette feuille, et récemment encore, à l’occasion de deux articles calomnieux et outrageants pour MM. de Fleury et de Grasse, insérés dans le numéro 63. Sur la réclamation des parties offensées, j’en ai écrit à l’ambassadeur du roi à La Haye, qui a fait réprimander l’auteur par les magistrats de la ville d’Utrecht. Cet écrivain a reçu la réprimande avec quelque apparence de repentir ; mais il a en même temps adressé à son correspondant à Paris une lettre dans laquelle il tourne en ridicule les bourgmestres hollandais et leur mercuriale, et recommande au correspondant de ne rien changer à ses bulletins, résolu de conserver à sa gazette l’avantage de faire du bruit, suivant son expression. L’insolence obstinée de ce gazetier nous a déterminés à interdire l’entrée et le débit de sa feuille dans le royaume. Je marque à M. d’Oigny de donner des ordres en conséquence au bureau des gazettes étrangères. J’en informe M. de La Vauguyon, et lui mande de prévenir le sieur Desessarts, en l’avertissant que, s’il tombait dans des écarts du genre de ceux qu’il a à se reprocher, nous poursuivrions sa punition personnelle auprès des États Généraux de la province d’Utrecht. Le correspondant de Desessarts, qui l’est en même temps d’autres gazetiers, tels que celui de Bruxelles, etc., est un sieur Fouilhoux logé maison du magasin des eaux minérales, rue Plâtrière, à Paris. Il reçoit ses lettres sous l’adresse de demoiselle Rosalie Thomas, qui n’est autre que sa femme. Il s’est