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et dont les matériaux ont été fournis par les papiers de Suard, est venu jeter un jour tout nouveau sur les procédés et les instruments appliqués à la composition de cette correspondance, et particulièrement des cinq volumes publiés en 1812. Il résulte de ces piquantes révélations que le principal collaborateur de Grimm fut un nommé Meister, de Zurich, homme, dit Suard, de beaucoup d’esprit, et encore plus honnête homme ; qu’il n’y a pas, dans les cinq volumes premiers publiés, deux cents pages qui soient de Grimm ; que Diderot a fait le 1er et les quatre cinquièmes du 2e, que tout le reste est de Meister seul, à qui Grimm avait remis toute la boutique, avec ses charges et ses bénéfices. Meister, auquel on doit le secret de la comédie, ajoute que le portefeuille de Diderot, jusqu’à sa mort, ne cessa jamais d’être à sa disposition ; qu’il mettait en outre à contribution l’esprit et la mémoire de toutes les autres personnes qu’il voyait, moins, dit-il, pour soulager sa paresse que pour répandre quelque variété sur cette fatale besogne ; que madame d’Épinay, notamment, s’était crue longtemps engagée (on sait pourquoi) à lui fournir un assez grand nombre d’articles, qu’elle lui permettait d’arranger à sa manière. Quant à la publication de ces feuilles, « qui ne furent jamais adressées à personne que sous la promesse du secret », comme il existait dans les différentes cours de l’Europe, de-