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vains ont un caractère et des vues diamétralement opposés : l’un, toujours triste et fâcheux, fait de sa correspondance une affaire d’état ; l’autre, toujours libre et gai, en fait un sujet de délassement et de plaisir, pourvu toutefois qu’il ne s’agisse ni de Fréron, ni de Clément, ni de Palissot, ni d’aucun ennemi du parti philosophique, auquel cas il n’entend plus raillerie : il accable alors ses adversaires de plaisanteries, d’épigrammes, de sarcasmes, et quelquefois même d’invectives. Pour La Harpe, qui n’était pas très-modéré de son naturel, il avait mis d’autant moins de mesure dans ses jugements, qu’ils n’étaient pas destinés à la publicité ; aussi, la publication de sa correspondance causa-t-elle un grand scandale, augmenté encore par cette circonstance, que ce fut lui-même qui la publia, pressé, dit-on, par le besoin.


Mais, quelques reproches que l’on puisse faire dans la forme à ces deux recueils, on a été de tout temps à peu près unanime à en reconnaître l’importance historique. « Lorsque parut la Correspondance littéraire de La Harpe, disent les derniers éditeurs de Grimm, on se récria avec raison contre ses jugements, presque toujours dictés par la prévention ou l’amour-propre, contre ses vues étroites, le sentiment tout personnel qui dominait chez lui, son soin minutieux de rapporter ses petits vers, et d’enre-