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notre curiosité un aliment qui se reproduit sans cesse, et une matière inépuisable aux observations philosophiques.

Plusieurs recueils de ce genre ont déjà eu successivement la vogue. Dans les uns, on s’est appesanti sur des détails qui ont perdu tout leur intérêt en perdant celui du moment ; les autres sont secs, froids, rebutants par une excessive concision ou par une insipide prolixité : les traits piquants qui y sont parsemés échappent au lecteur, engourdi par l’ennui des remplissages. L’extrême variété qui règne dans le nôtre ne permet pas d’espérer que tout y plaira également à tout le monde ; mais elle est analogue à la variété des goûts. Nous avons essayé de n’y admettre aucun article qui ne remplisse parfaitement ce que notre titre annonce, qui n’inspire quelque espèce d’intérêt, qui ne puisse exciter l’attention de l’historien ou celle du philosophe, le rire ou l’attendrissement, l’amour de la vertu ou l’horreur du vice ; servir de leçon ou d’exemple, à l’instruction ou à l’amusement.

Les articles de littérature sont tous de gens de lettres estimés et d’une impartialité reconnue ; ils font connaître particulièrement les ouvrages dont les journaux n’ont point parlé, et sauveront peut-être quelques traits de l’oubli auquel sont condamnées tant de productions de ce siècle. Ce qui tient à l’histoire de la république des lettres, dans un temps où les littérateurs et la littérature jouent un rôle si important dans la société, ne paraîtra pas la partie la moins intéressante de cet ouvrage. On voit que les articles de politique ont été fournis par des personnes à portée de soulever un coin du voile qui recouvre les secrets de notre cabinet, depuis qu’on n’admet plus d’indiscrets dans les conseils.

Il nous reste à parler du style, dont la bigarrure nous attirera peut-être des reprochés. On eût pu le refondre et lui donner une teinte uniforme. Il est douteux qu’en général il y eût gagné. Ces lettres, et même chaque partie d’une même lettre, étant souvent sorties de plumes différentes, on verra dans cette collection, comme dans nos sociétés, une imagination vive et pittoresque à côté du sang-froid philosophique, le dissertateur en opposition au plaisant qui effleure tout et égaie les matières les plus graves, l’homme de