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crets pour servir à l’histoire de la république des lettres, etc., par feu M. de Bachaumont. On en voit huit volumes aujourd’hui, allant depuis 1762 jusqu’en janvier 1776. Il cause une grande fermentation parmi nos auteurs, dont l’amour-propre n’est pas flatté ; il est, en outre, recherché pour une foule d’anecdotes et de pièces en vers et en prose que personne n’avait encore osé révéler ou livrer à l’impression. (Cet article est extrait de Nouvelles à la main très-accréditées dans Paris.)

28 juillet 1777. Les Mémoires secrets, etc., embrassent un espace de quatorze ans, contiennent dix à douze milles notices : fécondité dont il n’y a point d’exemple dans aucun ouvrage périodique. Il en est quelques-unes peu intéressantes en elles-mêmes, mais utiles pour conserver l’ordre chronologique des dates et des époques, si essentiel dans toutes les parties historiques. Outre les notices, il y a une foule d’anecdotes et de petites pièces en prose et en vers, non imprimées jusque-là, qui font rechercher ce recueil des amateurs. Il est d’ailleurs commode pour les gens qui ne lisent que par amusement ou sont bien aises de trouver le matin quelque chose à retenir et à citer le soir : ils s’ornent ainsi l’esprit en peu de temps et à peu de frais.

13 novembre 1778. Les volumes 9 et 10 des Mémoires secrets de Bachaumont, etc., qui commencent à percer ici, quoique très-difficilement encore, sont toujours fort chers. Comme ils roulent sur des anecdotes plus récentes, puisqu’ils ne concernent que les années 1776 et 1777, ils sont courus avec une avidité extrême. La liberté qu’on y a prise de tout dire, et même de nommer tous les personnages, leur donne un piquant et un intérêt vif qui en font dévorer la lecture. On sent bien que ceux-ci ne peuvent plus être de l’auteur des premiers volumes ; mais les rédacteurs, gens très-instruits et très au fait du courant de la ville et de la Cour, ont parfaitement saisi le genre de ce répertoire littéraire et historique. Ils ont dans leur récit la véracité, le sarcasme et la précision qui en font le mérite essentiel. Il est bien à désirer que l’on continue ce plan, dont l’intérêt ne peut que s’accroître avec le temps, et qui rend une semblable collection supérieure à tous les journaux, par la multitude de faits qu’elle rassemble. (Cet ar-