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Continuo ferro culpam compesce, priusquam
Dira per incautum serpant contagia vulgum.


Elles n’avaient été précédées d’aucun manifeste, d’aucune déclaration de principes, mais chaque volume, à l’instar de l’Affiche de Querlon, commence par une sorte d’article de fonds, par des considérations sur la littérature, et plus particulièrement sur la critique et sur le métier de critique. On y trouve, sous ce dernier rapport, des révélations on ne peut plus curieuses et instructives.

Voici comment l’auteur entrait en matière :


Jamais la littérature en France n’a été aussi riche qu’elle l’est aujourd’hui, si l’on peut appeler richesses cette multitude de livres nouveaux qui paraissent chaque jour parmi nous… Mais, au sein de la fécondité, ne sommes-nous jamais réduits à déplorer notre indigence ? Les années de fertilité ne sont-elles pas celles qui produisent le plus de mauvaises plantes ? Leur trop grande quantité étouffe le bon grain. C’est au laboureur industrieux à arracher de la terre les superfluités qui pourraient nuire à la récolte. La littérature est une terre abondante ; elle exige de nous de pareils soins. On doit donc savoir gré à ceux qui veulent bien s’en charger, et qui, pour nous procurer le plaisir de connaître un bon ouvrage, se donnent volontiers la peine d’en lire une infinité de mauvais.

Ce travail est aussi dangereux qu’il est désagréable ; on sait à quel péril s’expose, de la part des auteurs, quiconque ose entreprendre de censurer leurs écrits…

Gardons-nous cependant de rien reprendre qu’avec discernement, et de ne pas faire tomber notre censure sur ce qui ne mérite que des louanges. Un livre, quelque mauvais qu’on le suppose, est toujours estimable par quelque endroit, et c’est de