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contribuent à l’entretenir. Vous l’avertirez que Sa Majesté se fera rendre compte exactement de la manière dont les choses se passeront à l’avenir, et que, si elle venait à s’écarter de la conduite qui lui est prescrite, elle s’exposerait à des événements qui ne pourraient que lui être fort désagréables. Vous lui ajouterez que, les ménagements dont Sa Majesté veut bien user à son égard étant un effet de sa bonté et une grâce particulière, elle ne doit en faire part à personne. Je compte, Monsieur, que, lorsque vous aurez parlé à madame Doublet, je n’aurai à reporter à Sa Majesté que des sentiments d’une entière soumission de sa part, et la reconnaissance la plus profonde et la plus respectueuse de l’avertissement qu’elle veut bien lui faire donner.

Marquis d’Argenson.


Madame Doublet promettait de se corriger, et en 1762 son neveu trouvait qu’elle était encore plus difficile à gouverner que l’Europe. Cependant il ne lui passait rien. Voici une preuve de son style et de son humeur :


Versailles, 24 mars

Madame Doublet a fait dire hier à l’abbé de Breteuil, Monsieur, que l’escadre de M. de Blenac avait été prise en entier par les ennemis. La nouvelle de madame Doublet, qui est fausse, et dont je n’ai nulle connaissance, ne fait pas de tort à l’escadre du roi ; mais elle fait tort aux papiers publics qui varient. D’après les malheurs qui sortent de la boutique de madame Doublet, je n’ai pas pu m’empêcher de rendre compte au roi de ce fait et de l’imprudence intolérable des nouvelles qui sortent de chez cette femme, ma très-chère tante ; en conséquence, Sa Majesté m’a ordonné de vous mander de vous rendre chez madame Doublet, et de lui signifier que, s’il sort de rechef une nouvelle de sa maison, le roi la renfermera dans un couvent d’où elle ne distribuera plus des nouvelles aussi impertinentes que contraires au service du roi.

Duc de Choiseul.