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marque que des morceaux ont été enlevés, d’autres collés, sont généralement assez insignifiants, et il y a loin de là aux Nouvelles à la main dans leur bon temps, à celles qui nous sont parvenues. C’est une froide gazette, plutôt qu’une chronique piquante. On y trouve pourtant quelques pièces historiques intéressantes, et quelques petites poésies satiriques et anacréontiques.


Quoique les Nouvelles à la main ne fussent pas, politiquement parlant, bien séditieuses, elles ne laissaient pas que de préoccuper le pouvoir, surtout dans les temps de brouilleries entre la Cour et les Parlements, et le lieutenant de police eut plus d’une fois à communiquer à madame Doublet des lettres dans le genre de celle-ci :


Versailles, 6 octobre 1753.

Le roi est informé, Monsieur, que madame Doublet reçoit dans le nombre de ceux qui vont chez elle plusieurs personnes qui y débitent des nouvelles fort hasardées, et qui ne peuvent faire qu’un mauvais effet lorsqu’elles viennent se répandre dans le public ; que souvent ces mêmes personnes y tiennent des discours peu mesurés, et que madame Doublet, au lieu de réprimer une licence aussi condamnable, leur permet, en quelque façon, d’en tenir un registre qui sert à composer des feuilles qui se distribuent dans Paris et s’envoient même dans les provinces. Une pareille conduite de sa part ne pouvant que déplaire au roi, Sa Majesté, avant d’employer des moyens plus sévères, m’a chargé de vous mander que vous eussiez à voir incessamment madame Doublet, pour lui représenter qu’elle ait à faire cesser au plus tôt un pareil abus, en éloignant de chez elle les personnes qui