Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/462

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au dehors, sous forme de gazette, les nouvelles qui s’y recueillaient, il serait difficile de le préciser. Nous savons seulement, par les Mémoires secrets, que, lorsque Madame Doublet mourut, en 1771, il y avait soixante ans qu’elle recevait la meilleure société de la Cour et de la ville, et plus de quarante qu’elle occupait son fameux salon des Filles-Saint-Thomas.

Quant à la propagation des nouvelles, on voit Bachaumont, en 1740, préoccupé d’en faire l’objet d’une publication régulière ; il fit en effet circuler cette année-là le prospectus que voici :


Un écrivain connu entreprend de donner, deux fois par semaine, une feuille de nouvelles manuscrites. Ce ne sera point un recueil de petits faits secs et peu intéressants, comme les feuilles qui se débitent depuis quelques années. Avec les événements publics que fournit ce qu’on appelle le cours ordinaire des affaires, on se propose de rapporter toutes les aventures journalières de Paris et des capitales de l’Europe, et d’y joindre quelques réflexions sans malignité, néanmoins sans partialité, dans le seul dessein d’instruire et de plaire par un récit où la vérité paraîtra toujours avec quelques agréments. Un recueil suivi de ces feuilles formera proprement l’histoire de notre temps. Il sera de l’intérêt de ceux qui le prendront de n’en laisser tirer de copie à personne, et d’en ménager le secret, autant pour ne pas les avilir en les rendant trop communes, que pour ne pas se faire de querelles avec les arbitres de la librairie. À chaque ordinaire, à ceux qui voudront la prendre, elle sera payée sur-le-champ par le portier, afin qu’on ait la liberté de l’abandonner quand on n’en sera pas satisfait.


Ce projet ne paraît pas avoir eu de suite, et