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heure, s’asseyant dans le même fauteuil, chacun au-dessous de son portrait. Sur une table, deux grands registres étaient ouverts, qui recevaient de chaque survenant, l’un le positif et l’autre le douteux, l’un la vérité absolue et l’autre la vérité relative. Et voilà le berceau de ces Nouvelles à la main qui, par le tri et la discussion, prirent tant de crédit, que l’on demandait d’une assertion : Cela sort-il de chez madame Doublet ? de ces Nouvelles à la main ébauche des Mémoires secrets[1]. »

« La société de madame Doublet, dit Grimm, fut longtemps célèbre à Paris. On y était janséniste, ou, du moins, parlementaire ; mais on y était peu chrétien : jamais croyant ni dévot n’y fut admis. Au reste, on n’y affichait pas cette liberté de penser philosophique ; on s’en servait sans en jamais parler. On donnait la principale attention aux nouvelles. Madame Doublet en tenait registre. Chacun, en arrivant, lisait la feuille du jour, et l’augmentait de ce qu’il savait de sûr. Les valets copiaient ensuite les bulletins, et s’en faisaient un revenu en les distribuant au public. »

Ces bulletins, qui devaient nécessairement prendre le ton de la société du temps, étaient un résumé de tout ce qui se disait dans le monde. On y trouvait l’analyse des pièces de théâtre, le compte-

  1. Edmond et Jules de Goncourt, Portraits intimes du xviiie siècle.