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confessionnal du xviiie siècle, où tant d’esprit s’était confessé, que Piron lui-même n’y amenait le sien qu’en tremblant ! Il écrivait au frère de madame Doublet, à l’abbé Legendre : « Annoncez bien une bête à madame Doublet, et j’y serai bon » ; et encore : « Je me rendrai samedi, à midi trois quarts, chez madame Doublet, dont vous m’envoyez l’adresse ; je ferai maussadement la révérence, j’y boirai, j’y mangerai, je dirai grand’merci et je m’en reviendrai. Tout cela vaut fait. Quant à l’idée que j’y laisserai de moi, ce sont les affaires du dieu Caprice de ma part et de la déesse Indulgence de celle des autres, et voilà tout. » Duché remerciait Bachaumont de sa présentation en ces termes : « Assurez madame Doublet de mes plus tendres respects : il n’y a pas de jour que je ne remercie Dieu de la grâce qu’il ma faite de me mettre au nombre de ses paroissiens. »

« Le salon de madame Doublet était au couvent des Filles-Saint-Thomas, dans un appartement où madame Doublet passa quarante ans de suite sans sortir. Là, présidait du matin au soir Bachaumont, coiffé de la perruque à longue chevelure inventée par le duc de Nevers. Là siégeaient l’abbé Legendre, Voisenon, le courtisan de la maison ; les deux Lacurne de Sainte-Palaye, les abbés Chauvelain et Xaupi, les Falconet, les Mairan, les Mirabaud, tous paroissiens, arrivant à la même