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même des Mémoires secrets, sans avoir autant de vogue que les Nouvelles qui firent le fondement de ce dernier recueil, était estimé pour sa véracité.

Nous posons ces quelques faits simplement à titre de jalons, de repères, et nous arrivons à la plus célèbre des manufactures de bulletins, selon l’expression de Manuel : nous avons nommé le salon de madame Doublet de Persan.


Madame Doublet, « très-connue en France et chez les étrangers », pour parler comme les éditeurs des Mémoires secrets, tenait à Paris ce que l’on appelait un bureau d’esprit, c’est-à-dire qu’elle réunissait chez elle des gens de lettres, comme le faisaient Mesdames de Tencin, du Deffand, Geoffrin, et mademoiselle Lespinasse. Son salon jouit pendant près d’un demi-siècle d’une grande célébrité. « Ce salon, disent deux jeunes portraitistes dont on connaît la brillante palette, ce salon tenait le monde et Paris, et la veille et le jour, la Chaire, l’Académie, la Comédie, la Cour. Il était le rendez-vous des échos, le cabinet noir où l’on décachetait les nouvelles ; pêle-mêle y tombait le XVIIIe siècle, heure à heure, bons mots et sottises, querelles, procès, sifflets, bravos, morts et naissances, livres et grands hommes, un je ne sais quoi sans ordre, une moisson à pleine brassée de paroles et de choses, les mémoires d’Argus ! Salon envié !