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Mais les mandements ne pouvaient être plus efficaces que les brûlures ; et, en dépit de la police et de la Bastille, l’opiniâtre feuille reparaissait toujours plus vive, plus provocante, plus audacieuse ; et les philosophes aidant, — les philosophes qu’elle n’aimait guère pourtant, — elle finit par triompher de ses adversaires.


Cependant les Jésuites, ne pouvant avoir raison de cet ennemi invisible, qui les harcelait sans trève ni merci, résolurent de le combattre avec les mêmes armes, d’opposer journal à journal. Ils lancèrent, le 25 janvier 1734, le Supplément des Nouvelles ecclésiastiques[1], et ils firent précéder cette déclaration de guerre d’un manifeste dont nous extrayons quelques passages :


Le libelle qui se répand périodiquement depuis quelques années sous le titre de Nouvelles ecclésiastiques est rempli de tant de faussetés, de tant de calomnies, de tant d’erreurs sur la religion, de tant de principes pernicieux sur l’autorité, qu’il est étonnant que nul écrivain n’ait encore entrepris de venger les droits de la vérité, de la justice, de l’innocence, de la charité, qui sont visiblement violés à toutes les pages de ce scandaleux écrit, dont l’auteur, entraîné par sa malignité et à l’abri des ténèbres qui le couvrent, ne cesse d’insulter, de déchirer, quiconque se trouve sous sa plume.

Il est vrai qu’il se décrie par lui-même… ; mais combien de

  1. Ils avaient déjà essayé, si nous en croyons leur adversaire, la publication d’une gazette que « le mépris et l’indignation du public les avaient obligés d’abandonner », mais sur laquelle nous n’avons aucun renseignement.