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dans sa voiture, il y trouva des exemplaires encore tout humides de l’insolente et trop présomptueuse gazette. Les recherches recommencèrent, et la cachette fut éventée[1].

Barbier nous a laissé, dans son Journal, de très-curieux détails sur la manière dont les Nouvelles ecclésiastiques étaient répandues.

« Il n’est pas possible, dit-il, de découvrir l’auteur des Nouvelles ecclésiastiques ; cela fait tant de cascades entre les mains de plusieurs personnes, d’ailleurs tous honnêtes gens, que cet auteur n’est jamais connu de ceux qui peuvent être arrêtés. Quand cet auteur a composé sa feuille sur les matériaux qu’il a, il jette les mémoires au feu, il donne sa minute à un autre ; on la copie, alors on jette la minute au feu ; une troisième personne porte la minute chez un imprimeur. Cette personne vient prendre les exemplaires pour les distribuer dans Paris. Il y a peut-être vingt bureaux, dans plusieurs quartiers, c’est-à-dire vingt particuliers qui en prennent cent, supposé, chacun. Ce n’est pas la même personne qui porte les cent à ces vingt bureaux ; ce sont vingt personnes différentes, et celui qui tient ce bureau paye les cent exemplaires à

  1. Nous empruntons ces derniers détails à un très-remarquable Essai de M. Ribière sur l’histoire de l’imprimerie dans le département de l’Yonne, inséré dans le Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de ce département, et dont nous devons la communication à l’obligeance de M. Bazot, avocat à Auxerre.