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homme qui brave également Dieu, la vérité et les puissances. L’obscurité qui le dérobe au glaive vengeur que le prince ne porte point en vain est le seul titre de son impunité. C’est dans l’obscurité de son antre qu’il s’est érigé un tribunal où il traduit tout ; personnes, actions, écrits, profane, sacré, tout y est jugé, tout est de son ressort ; juge et partie, il prononce, et ses jugements, dictés par la passion et fondés sur le mensonge, abusent les hommes droits qui cherchent la vérité et qui ont le malheur de ne la voir que dans les oracles d’un pareil juge, et de ne la puiser que dans les sources empoisonnées qu’un pareil docteur leur présente.


Ils avaient cependant pour eux le lieutenant de police, Hérault, que le marquis d’Argenson, dans ses Mémoires, appelle un « vil atome de Loyola», et qui les servait avec un zèle malheureux, mais infatigable.


Il y a trois ans, lit-on dans le discours préliminaire des Nouvelles de 1731, que ce petit ouvrage se continue, et que Dieu paraît y donner sa bénédiction. L’on sait combien il a trouvé d’opposition de la part des hommes, combien il a eu d’obstacles à surmonter, et combien il éprouve encore tous les jours de périls et de difficultés. Mais tant qu’il plaira au Tout-Puissant de le protéger, qui pourra le détruire ? Entrepris uniquement pour la défense de la vérité, en un temps où la vérité et ses défenseurs ne trouvent d’accès qu’au tribunal du public, son sort doit avoir quelque conformité avec celui de la vérité même : tant qu’elle sera contredite et combattue, nos Nouvelles doivent essuyer des contradictions et des combats.

On entend dire tous les jours, avec étonnement et avec douleur, que M. Hérault n’a d’autre vue, dans ses continuelles perquisitions, que de découvrir celui qu’il appelle l’auteur des Nouvelles ecclésiastiques ; et ce qui surtout paraît étrange, c’est que, sans preuves, sans prétextes, sur les soupçons les moins fondés et