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siastiques : « elles servaient à constater les faits qui touchaient à cette grande affaire, à les répandre dans les provinces du royaume et dans les pays étrangers, et à en conserver le souvenir, qui sans cela se serait bientôt effacé de la plupart des esprits. Elles rendaient le monde attentif ; elles avertissaient des conséquences qu’on devait tirer de ce qui arrivait ; elles pouvaient servir à retenir dans certaines bornes ceux qui, ne craignant pas assez le jugement de Dieu, ne laissent pas de respecter celui du public. »

Nous n’avons pas besoin de dire quelles colères cette feuille, que l’on répandait avec profusion, excitait dans le camp des Jésuites. Mais d’où sortait-elle ? Quel en était l’auteur ? Voilà ce que, malgré toute leur habileté, il leur était impossible de découvrir. Écoutez de quels traits l’auteur de la Christiade (Disc. prélim, p. cij) peint cet insaisissable gazetier janséniste, car, pour les Jésuites, tous leurs adversaires, tous les opposants à la bulle, tous les appelants, comme on disait alors, étaient des Jansénistes :


Cet écrivain fameux et obscur tout à la fois est un homme qui ne se nourrit que de satire et de fiel, en prêchant l’union et la charité ; un homme dont la plume, qui enfante hebdomadairement un libelle périodique, fait, depuis trente ans, sous les drapeaux du préjugé, de la calomnie et de l’imposture, une guerre implacable à tout ce qu’il y a de plus saint dans la religion, de plus respectable dans l’Église et de plus distingué dans l’État ; un