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l’instrument, d’opinions religieuses surexcitées à un degré que l’on n’aurait pas cru possible à cette époque sceptique et railleuse, où l’on croyait si peu, où l’on se moquait si volontiers de tout ; c’était une sorte de catapulte destinée à battre en brèche la fameuse bulle Unigenitus. On sait ce qu’était cette bulle, arrachée à Clément XI par les intrigues des Jésuites, quel immense scandale elle produisit en France, où elle réveilla plus vive que jamais la querelle janséniste, que la modération de Clément IX était parvenue à assoupir. Les passions qu’elle souleva en firent « une des plus grandes affaires qu’on eût vues dans l’Église depuis son établissement, une affaire qui intéressait la population tout entière, à laquelle il n’était ni permis ni possible de ne point prendre part. Il était naturel que chacun désirât de savoir dans les derniers détails tout ce qui la concernait. Les différentes formes qu’elle prenait, les combats, les victoires, les pertes, les dangers, les gains, les ressources, tout éveillait, tout excitait une louable curiosité. Elle était devenue la propre affaire de chacun, et presque son unique affaire. On en attendait des nouvelles avec une sorte d’impatience, on les recevait avec empressement et avec une avidité semblable à celle d’un marchand qui en reçoit d’un vaisseau sur lequel on a placé son bien et sa fortune. »

On voit quel était l’objet des Nouvelles ecclé-