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On remarquera qu’il ne s’agit plus du Courrier de l’Europe, mais d’un Courrier de Londres. Or, je trouve dans les notes de la police la mention d’un Courrier de Londres publié dans ce même temps par un nommé Delatouche (serait-ce le même que le de Calonne de la Biographie ?) « ancien jésuite, ancien procureur, et finalement repris de justice. C’était, ajoute-t-on, un recueil de déclamations et de diatribes dégoûtantes, où l’auteur exhalait contre la France une haine sauvage. Il ne dépassa pas 25 numéros. »

Quoi qu’il en soit, il paraît hors de doute que M. de Montlosier rédigeait un journal à Londres dans les dernières années du xviiie siècle. L’indépendance de ses jugements, dit la Biographie, cette verve rude avec laquelle il les prononçait, cette sagacité d’observation si éminente en lui, son impartialité, qui le séparait nettement de toute faction, donnèrent une sorte de puissance à sa polémique. Lorsque le général Bonaparte devint premier consul, M. de Montlosier aperçut tout de suite quelle œuvre ce puissant génie était appelé à accomplir ; il reconnut en lui l’homme qui devait régénérer l’ordre social en France. La direction que prenait le Courrier de Londres fut remarquée par le gouvernement consulaire. Talleyrand et Fouché donnèrent à Napoléon le désir d’appeler M. de Montlosier. Celui-ci rentra, en effet, en France ; mais