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jourd’hui à gagner les gazetiers : aussi ne disent-ils précisément de nos affaires que ce que leur dicte le ministère de Versailles. »

Nous verrons bientôt avec quelle effronterie Morande et autres flibustiers littéraires exploitèrent cette faiblesse.

Ce qui achève de peindre les hommes et l’époque, c’est que le Courrier, en même temps qu’il se faisait subventionner par le ministère français pour ne parler qu’en sa faveur, recevait de l’autre main les communications et l’argent du ministère anglais.

Si ce double jeu est justement réprouvé par la morale, l’intérêt et le piquant du journal en étaient singulièrement augmentés pour les contemporains ; et à ce titre encore aujourd’hui, et en raison même de « son bavardage et des défauts du terroir », le Courrier de l’Europe est une des feuilles les plus importantes à consulter, non-seulement pour l’histoire politique, mais encore pour l’histoire morale et littéraire de la fin du siècle dernier. Les chroniqueurs, eux aussi, y trouveraient abondamment à glaner. Ainsi, sans aller plus loin, je lis dans le 1er numéro ce fait divers, qui m’a semblé avoir un certain à-propos :


Une duchesse qui donne ici le ton à la cour et à la ville est, dit-on, l’inventrice de ces hanches de liége qui suppléent à l’heureuse rotondité qui manque aux dames anglaises. Milady peut se