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gères. Mais les deux assertions peuvent parfaitement se concilier. Les fondateurs du journal, pour obtenir son introduction en France, avaient pu se soumettre à un impôt, qui était, d’ailleurs, à cette époque, passé en habitude ; mais il n’y aurait rien d’impossible à ce que, quand leur feuille fut devenue une puissance, ils eussent non seulement refusé l’impôt, mais même exigé une subvention, si tant est qu’on ne la leur ait pas offerte. Le fait même n’a rien que de très-probable de la part d’hommes tels que Swinton et Morande, ayant affaire à une administration aussi débile que celle qui régissait alors la France.

Je trouve dans la Correspondance littéraire de La Harpe (Lettre 60) une preuve surabondante des accointances des ministres français avec le Courrier. « Le rédacteur du Courrier de l’Europe, menacé de perdre le privilége de faire entrer ses feuilles en France à cause de l’article de M. de P***, s’est justifié d’une manière qui a étonné bien du monde : il a montré une lettre qui lui recommandait cet article de la part d’une des premières personnes de l’État (le comte de Maurepas). On s’est tû à la vue de ce nom, qu’on ne s’attendait pas à trouver là. »

Ce n’était pas, d’ailleurs, chose nouvelle. On lit dans les Mémoires du marquis d’Argenson, à la date du 6 janvier 1749 (édition elzevirienne, t. iii, p. 237) : « Jamais nous n’avons tant dépensé qu’au-